Dans un quotidien devenu plus fragile et plus brutal, les impasses individuelles, collectives et environnementales nous épuisent.
Mais nous demeurons des êtres à l’instinct vital hors norme, à la capacité de soin et aux rêves plus intéressants que les peurs que l’on nous vend.
Alors, créons ensemble des issues éthiques et climatiques !
Se sentir coincer n'est pas une honte.
Si “sans issue!” est une réalité dans la signalétique urbaine, les impasses sont rarement reconnues en ce qui concerne les espaces intimes, relationnels, professionnels. Dès lors, affirmer “sans-issue !” comme un état de fait, un signe d'alerte, aide à rendre visible la nécessité de réorganiser son chemin.
Pas de soin du climat sans climat de soin !
Prendre soin du climat, bâtir une clinique des milieux, des organisations humaines et des liens inter-espèces. S'engager éthiquement envers le "Climat de soin", comme pose la Charte du Verstohlen, ouvre d'autres possibles à la création et à l'action citoyenne par le soin.
Incorporer l’expérience sensible du présent
Cette issue est un exercice d'étonnement et de confiance à propos de nos gestes et mouvements. C’est le genre de sagesse dont nous avons besoin pour aborder concrètement les problématiques du quotidien, là où elles sont, et dont la complexité échappe en partie à la pensée mais pas au corps à l'ouvrage.
Reconnaître son acuité pour la vie sensible.
Le regard intense est un savoir-faire critique, une attention et un discernement subtil. Il s’agit de plaisir, de sensibilité, d’écoute, d’esthétique; mais il s’agit aussi d’un chemin d'accès à la connaissance singulière des choses. "Il existe une multitude de petites choses qui sont nécessaires à notre quiétude", écrit Dewey.
L'expérience ontologique du temps
Reconnaître le temps long c’est prioriser la force des métabolismes vivants que nous sommes, la puissance du savoir de l'ancestralité qui nous fonde. C'est aussi respecter la durée des expériences dont nous avons besoin, des créations et transformations profondes dont nous savons la nécessité.
Interroger le sens et la valeur des mots.
Inspiré de la culture brésilienne, ce rituel inscrit un moment régulier de partage d’opinions, d'interrogation des sens, de décapage des notions imprégnées de préjugés et de réappropriation des concepts et sens qui fondent les relations et le collectif.
Défendre ce qui nous touche et nous inspire.
Cette issue est tactique car partager ses engagements de manière explicite est clé : créer les bons outils de dialogue qui donnent des perspectives nouvelles, donner la place aux voix différentes, varier les supports sensibles et rendre la communauté plus intelligente que les individus.
Aller à la rencontre de l'inconnu qui nous transforme.
Refuser d’être intermédiaire, conseil, même créatif : assumer d'aller créer dans la fragilité et avec elle, d'innover dans l’adversité et l'indétermination. Car prendre soin c'est reconnaître la nécessité de cohabitation si bien que la puissance de transformation qui posent les milieux, êtres, savoirs et affects.
Apprendre à manger la vie.
La vie comestible est à la fois la reconnaissance et le goût pour la vie, mais aussi l'appel à respecter le vivant et les cycles naturels. Dans ces deux cas, il s’agit d’un art à déployer : la vie bonne se cultive sur le terrain, se prépare, se partage, se transmet… nourrit nos efforts communs et érotise nos capacités créatrices.
Ne prendre aucun mode relationnel pour acquis.
Inspiré du concept artesania dos afetos (artisanat des affects) de l’autrice brésilienne d’origine autochtone Geni Nunez, c'est une pratique critique qui questionne les positions relationnelles préétablies. Il s’agit de déconstruire puis rebâtir le cadre relationnel permettant à chacun·e de retrouver sa capacité d’ouverture, dans toutes nos relations : sociales, symboliques, inter-espèces…
Retrouver un lien inspirant à la terre.
Observer la vie du sol, s’adapter au climat, improviser rapidement, soigner un animal, guider un excès d’eau, relever une charpente… c’est cultiver la subsistance : se nourrir, habiter, apprendre, rêver. Pour les questions éthiques et climatiques qui nous occupent, il s’agit de bénéficier des meilleures inspirations pratiques, au plus près des vécus.
Nouveaux imaginaires face aux crises systémiques.
Il y aurait des manières de vivre réinventées pour continuer d'exister dans un monde si brutalement transformé... Était-ce une légende ? Nos rêves, nos imaginaires, nos fictions nous permettent de retrouver “les puissances aux voix multiples qui confèrent au monde sa vitalité” nous suggère Nastassja Martin.
En écho à la charte du Verstohlen écrite avec la philosophe Cynthia Fleury, enrichie par un pôle de recherche-action, cultivée dans une ferme en Creuse, ISSUES est une initiative d’Antoine Fenoglio et Marcela Mussi, et un réseau actif de créateurs et créatrices soignantes déterminées.
